Entretien avec Lise Baron, réalisatrice de films documentaires.
Lise Baron vit et travaille à Nantes. Elle a été Présidente du Pôle Cinéma Audiovisuel des Pays de la Loire / La Plateforme pendant 3 ans et reste aujourd’hui membre du Conseil d’Administration.
Son film documentaire « Marguerite Duras, l’écriture et la vie », produit par la société de production Les Nouveaux Jours Productions, vient de recevoir une des 30 étoiles de la SCAM (voir l’ensemble du Palmarès ici).
Chaque année, la SCAM (Société civile des auteurs multimédia) décerne 30 Etoiles qui mettent en lumière les oeuvres documentaires les plus remarquables et les plus belles écritures du réel !
Synopsis :
Durant toute sa vie, Marguerite Duras n’aura cessé de se raconter dans son œuvre. Mais derrière l’écrivain superstar de l’Amant, qui fascine ou agace, et derrière son double romanesque, la jeune fille Indochinoise, se cachent d’autres facettes peut-être moins connues du personnage, écrivain mais aussi cinéaste, journaliste, femme engagée à gauche, amoureuse transie ou mère aimante.
En repartant de la fin de sa vie pour remonter jusqu’à l’enfance indochinoise, cette fresque historico-littéraire propose de (re)découvrir l’existence épique de Marguerite Duras, bien ancrée dans son siècle mais toujours entièrement guidée par l’écriture…
Lise Baron
Après avoir obtenu un Master en Histoire Ancienne en 2006, Lise Baron se tourne vers la production de films documentaires. Elle collabore avec différentes sociétés comme directrice de production et directrice éditoriale.
Depuis 2017, elle se consacre à l’écriture et la réalisation de ses films. Elle continue également d’accompagner des auteur-trices en écriture, notamment pour CICLIC. Elle est par ailleurs associée chez Les Nouveaux Jours Productions.
Filmographie :
- 2018 : Étudiants, tous à l’usine ! – Itinéraires de maoïstes ouvriers
- 2018 : La traite atlantique, archipel de la mémoire
- 2019 : Erika, au nom de la mer
- 2020 : Éprouvantes éprouvettes, réalisation de Lise Baron et Aurélien Bonnet
- 2020 : Marguerite, l’écriture et la vie
- 2022 : Dans nos prisons, histoire d’une lutte
Que représente pour vous cette récompense qu’est l’Étoile de la Scam ?
Les étoiles sont décernées par un jury de professionnel.le.s, c’est donc une vraie reconnaissance que d’être récompensée par ses pairs. Étant donné que cette étoile est ma deuxième après celle pour mon film « Étudiants tous à l’usine », cela encourage aussi une démarche plus globale, et un travail sur le long terme. C’est en tout cas comme ça que j’ai envie de le lire !
Et puis cette étoile est aussi la première pour Les Nouveaux Jours productions, la société constituée en SCOP que nous avons créée avec mes associé.e.s !
Par ailleurs de nombreux professionnel.le.s des Pays de la Loire ont travaillé sur le film : Caroline Ferrus qui dit magnifiquement le commentaire que j’ai écrit, Aurélien Bonnet au montage, Cédric Le Guillerm pour la musique ou Thomas Boutet pour toute la direction artistique.
Si on ajoute à cela ma collaboration hyper enrichissante avec Sophie Bogaert, spécialiste de Duras, on peut considérer que c’est une belle aventure collective qui est aussi saluée, et cela m’importe beaucoup !!
Pourriez-vous nous raconter la genèse et le parcours du film ?
Il y a quelques années, j’ai lu La Douleur de Duras. Je ne connaissais pas du tout cette partie de sa vie, durant la guerre. Cela m’a vraiment passionnée, et comme à chaque fois quand je découvre un sujet, je me suis mise à relire frénétiquement Duras, et à lire plusieurs de ses biographies.
J’en ai ensuite parlé à Maël Mainguy, et nous avons décidé d’en discuter avec France Télévision. Ce n’était pas gagné, car Marguerite Duras peut faire office de repoussoir, et on peut avoir l’impression que le sujet a déjà été « traité ». Nous avons donc été d’autant plus heureux que France 5 adhère à ma proposition de réalisation et nous suive sans réserve !
Ce qui caractérise par ailleurs ce film c’est que c’est un film de confinement : écrit pendant le premier confinement, monté pendant le deuxième, et diffusé à la télévision sans même une projection publique car les salles étaient toujours fermées.
C’était donc un an littéralement enfermée avec Duras, et je dois dire que la quitter à la fin de la production a été vraiment rude.
C’est ça qui est incroyable chez Duras, ce magnétisme qui fait que même disparue, elle continue à hanter les gens !! Et c’est cela que j’ai voulu rendre dans le film, cette capacité de Duras à nous envouter, et à faire de sa vie une œuvre totale, et parfois dévorante.
Quels sont vos projets professionnels ?
J’entame la réalisation d’un nouveau documentaire pour France 5 sur les premières années du SIDA, toujours avec les Nouveaux Jours Productions. En quelques mots, il s’agit de raconter comment médecins, patient.e.s, chercheur.euses, militant.e.s, chacun et chacune à leur endroit ont contribué à engager une lutte collective contre la maladie.
Je suis très heureuse de pouvoir faire ce film, d’abord parce que cela me permet de revenir à mes premières amours, les films d’histoire, ensuite parce que cela me permet des rencontres formidables avec des personnes extrêmement engagées. Enfin, parce qu’il me semble qu’il est vraiment nécessaire de remettre en lumière, chaque fois que cela est possible, cette histoire, qu’on connait sans doute trop peu alors qu’elle est essentielle pour comprendre le fonctionnement de notre société contemporaine.
Je développe par ailleurs un portrait de Jean Genet, toujours pour France Télévision et avec la société Folamour. J’espère que ce projet ira jusqu’au bout, c’est un travail vraiment passionnant que de réfléchir à la façon de rendre compte de la vie et de l’œuvre de cet autre artiste aussi génial que subversif !!
Bravo pour votre étoile et pour ce que vous faites avec Les Nouveaux Jours Productions avec qui j’aimerai travailler.
EL