Lucie Cabon, adhérente de La Plateforme, figure parmi les trois lauréates de la première édition du concours de scénarios de courts métrages « Parcour(t) de femmes » organisé par La Cité du film et dont nous étions partenaires. L’objectif de ce concours est de permettre aux réalisatrices et réalisateurs de s’accaparer artistiquement le thème de l’égalité femmes-hommes et des violences faites aux femmes.
Lucie Cabon recevra 8 000 euros d’aide à la production pour son projet de film « En captivitées« , ainsi qu’un accompagnement de La Maison du Film. Les films lauréats seront projetés le 15 octobre 2024.
Rencontre avec Lucie Cabon.
Pourriez-vous décrire votre « parcour(t) de femme » ?
À la suite d’un cursus au Conservatoire de Rennes en danse contemporaine, je décide de me lancer dans des études de cinéma. Je débute une licence théorique dans la classe préparatoire Prep’Arts de Nîmes et la termine à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis avant d’intégrer la CinéFabrique en section scénario. À la fin de ma formation, j’écris et réalise mon film de fin d’étude : Louves, un court-métrage fantastique qui réinvente le mythe du loup garou pour mettre en scène une rage et une violence féminine. Le film est sélectionné dans plusieurs festivals dont le Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF 2023). Après ce premier film, fraîchement sortie de l’école, je participe au programme « Parcours de Femmes » de la Quinzaine en actions : je réalise ainsi La boule au ventre, écrit par Estelle Lasic, diffusé sur France 3 et au Festival de Cannes. En parallèle, je continue d’écrire plusieurs projets personnels de courts et de longs. J’ai la chance de participer au scénariolab de la Maison des Scénaristes au Festival Paris Courts Devant et à la résidence One Sho(r)t de Passerelles écritures. Finalement, après avoir été membre étudiante du Jury Révélation lors du 25e Festival International des scénaristes et des compositeurs en 2022, j’ai été sélectionnée pour concourir au marathon d’écriture du court-métrage en 48h pour la 26e édition de ce même festival. C’est lors de ce concours qu’est née l’histoire d’En captivitées.
De quoi parle votre film intitulé « En Captivitées » ?
C’est l’histoire d’Inès et d’Adrien, 32 ans, en couple depuis plusieurs années, qui vivent dans une société pro-nataliste. Alors qu’Inès vient d’avorter illégalement, le couple est recherché par la police. Mais, forcés de se réfugier dans un zoo, Inès est soudain submergée par le chagrin et paralysée par la culpabilité. Adrien cherche à l’aider, la soutenir, la rassurer, en vain. Seule une rencontre inattendue avec une mère gorille en captivitée pourra pousser Inès à s’émanciper de ses sentiments et se libérer de la société qui cherche à l’enfermer.
En captivitées c’est une fable écoféministe qui utilise l’anticipation pour dénoncer la violence de la domination masculine à la fois sur les femmes, la nature et les animaux. C’est un récit d’émancipation féminine qui révèle les pressions, que nous subissons encore bel et bien dans notre société actuelle, sur la procréation. Enfin et surtout, c’est le récit intime d’un couple soumis ensemble à l’épreuve de l’avortement, vécue différemment dans leurs chaires.
Où en êtes-vous dans le processus de fabrication de ce film ?
Le projet est en cours de réécriture. Le scénario n’est qu’à sa toute première version. Il doit être amélioré, réécrit en profondeur pour pouvoir à la fois transmettre mes intentions au mieux mais aussi correspondre aux contraintes de production.
Que vous apporte ce prix ?
Pour le moment, ce prix m’offre la chance de pouvoir réaliser à nouveau un film que j’ai écrit, ce qui est déjà extraordinaire. Mais j’espère qu’il m’apportera encore d’autres choses par la suite : de nouveaux apprentissages, des rencontres, une visibilité.
Quels sont vos autres projets professionnels ?
J’ai écrit trois autres projets de courts-métrages pour lesquels je recherche actuellement des productions. Les méduses, une comédie musicale horrifique qui nous plonge dans la tête d’une adolescente souffrant d’amnésie traumatique ; Eden, que je développe en ce moment à la résidence d’écriture « Clap de Paname », qui est une science-fiction mettant en parallèle une rupture amoureuse avec un découragement écologique ; Jusqu’à ce que la mort nous unisse, une comédie qui réinvente les codes du thriller pour mettre en scène la revanche (et vengeance) d’une femme au foyer.
Je suis également en pleine réécriture d’un long-métrage écrit lors de ma dernière année d’étude à la CinéFabrique. Eau-de-vie, une comédie dramatique sur la famille et ses non-dits qui pose la question suivante : Peut-on abandonner ses enfants s’ils ont 40 ans ?
Plus globalement, j’aimerais continuer d’écrire des histoires intimes qui mélangent les genres et qui poussent à la réflexion sur des sujets universels. Je suis particulièrement animée par des thèmes comme la famille et l’amour et souhaite que mes projets puissent s’ancrer dans mes engagements (féminisme, écologie).
J’espère également pouvoir participer à des projets divers et variés en genre, thématique et format, en tant que lectrice/consultante ou co-autrice.
Quels films vous ont marquée et ont influencé votre travail ?
Je suis une grande adepte de la nouvelle vague du cinéma sud-coréen, Old Boy de Park-Chan Wook, Mother et Parasite de Bong Joon Ho m’ont particulièrement marquée. J’ai aussi été bouleversée par des films comme La vita è bella de Roberto Benigni, Dancer in the dark de Lars Von Trier, Going my way de Leo McCarey, Un homme et une femme de Claude Lelouch et plus récemment Annette, de Leos Carax.