L’envers d’une histoire
Mila Turajlić
(Serbie-France, 2017, 1h44)
Une porte condamnée dans un vieil appartement de Belgrade raconte à la fois l’histoire d’une famille et celle d’un pays dans la tourmente. La réalisatrice entame une conversation intime avec sa mère mais la chronique familiale cède vite la place au portrait passionnant d’une femme révolutionnaire et de son combat, relativement isolé, contre les fantômes qui hantent le passé et le présent de la Serbie.
« Je suis née en 1979, j’avais 1 an quand Tito est mort et 11 ans quand Milošević est arrivé au pouvoir, 12 ans quand la guerre en ex-Yougoslavie a commencé, 16 quand elle s’est achevée, 20 ans quand l’OTAN nous a bombardés, 21 quand nous nous sommes finalement débarrassés de Milošević, 24 lorsque notre Premier Ministre a été assassiné, et aujourd’hui, à 39 ans, je veux parler de mon pays, d’un point de vue très personnel, et d’un point de départ très précis : l’endroit où je vis. » Mila Turajlic
« Ce fascinant huis-clos captive particulièrement par le dialogue entre la mère et la fille autour de la naissance d’une nation indépendante, la Serbie, et d’une identité fracturée par les sursauts de l’Histoire. L’héroïne, c’est bien sûr Srbijanka, figure de proue de la résistance contre le régime de Slobodan Milošević et secrétaire d’état du premier gouvernement démocratique (…) Peuplé de fantômes, tour à tour bruyant, calme, l’appartement reste un personnage à part entière (…) symbolisé par l’hypothétique réouverture des deux portes fermées depuis soixante-dix ans… » (Emmanuelle Skyvington – Télérama)
Meilleur long métrage documentaire 2017 – International Documentary Filmfestival Amsterdam
Projection suivie d’une discussion avec Carine Chichkowsky, productrice du film.
Entrée libre.