Entretien croisé avec Marianne Gaudillère et Arthur Bacry, réalisateur·trice du film « TOM VEUT RENTRER » qui est actuellement en compétition nationale au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand. Le film est produit par Laure Van Vlasselaer de la société de productionTONNERRE DE L’OUEST, installée à Nantes.
- SITE DE LA PRODUCTION : https://www.tonnerredelouest.fr/tom
- Pourquoi avoir choisi le métier de réalisation et quel est votre parcours professionnel ?
Arthur : C’est un cliché mais j’ai envie de réaliser depuis tout petit. Au sortir de mon bac j’ai fait une fac de cinéma et puis j’ai commencé à travailler comme monteur sur des projets institutionnels. Il m’a fallu un peu de temps pour prendre confiance et trouver le type d’histoire que j’avais envie de raconter. En arrivant à Nantes en 2015 j’ai trouvé un réseau à taille humaine qui me convenait mieux qu’à Paris et ça m’a aidé à me lancer. J’ai réalisé mon premier court auto-produit, « Une place », qui a eu une petite carrière en festival étant notamment passé par le Mécal de Barcelone.
Marianne : Pendant mes études de géographie je programmais du court métrage pour un petit festival bordelais. Tout en écrivant un projet documentaire, j’ai travaillé dans la distribution plusieurs années. De festivals, en ateliers d’éducation aux médias, j’ai un peu tourné autour du poste de réalisation le temps de prendre confiance. Ce n’était pas évident d’imaginer embarquer toute une équipe dans un projet que j’aurais écrit.
- « Tom veut rentrer » est votre premier court métrage produit. Vous avez travaillé quasiment exclusivement avec une équipe artistique et technique nantaise où vous êtes installé·e·s. Quel est votre lien avec la Région Pays de la Loire et pourquoi avoir choisi d’y habiter et d’y travailler ?
Marianne : On s’est petit à petit intégré au réseau nantais depuis 8 ans, et le projet s’est enclenché lors d’un évènement associatif où l’on a rencontré notre productrice Laure Van Vlasselaer. C’est plus facile ici de proposer des choses, de faire des rencontres et c’est logique de travailler avec des personnes qu’on connait et qu’on apprécie.
Arthur : Comme je le disais, c’est en arrivant à Nantes que j’ai réellement enclenché une carrière d’auteur. C’est petit à petit que j’ai fait ma place ici, en venant d’abord au bureau des auteurs.rices de la Plateforme, puis en m’impliquant comme co-référent dans ce même bureau et enfin en intégrant le CA en 2022. J’y ai découvert une région fourmillant de talents, de gens extrêmement motivés et plein d’idées, qui ont envie qu’on les soutienne, qu’on les aide à s’exprimer et en fin de compte qu’ils fassent rayonner la rég
ion dans les festivals.
- Vous avez bénéficié de la formation Parcours d’Auteur·trice·s (en savoir plus ici) proposée par Le Pôle cinéma audiovisuel des Pays de la loire – La Plateforme. Qu’est-ce que cet accompagnement dans l’écriture filmique vous a apporté ?
Arthur : Le parcours d’auteur.ices a été une première étape très importante. Quand on débute un projet il y a beaucoup de fragilité, beaucoup d’endroits où le doute peut vite s’installer. De pouvoir discuter, travailler et confirmer ce qui fonctionne plus ou moins avec un tuteur et un groupe renforce la confiance et donne l’énergie nécessaire pour entamer ce marathon qu’est la pré-production d’un court-métrage.
Marianne : On y a trouvé un début de communauté avec les autres auteur.ices et on a continué de se voir par la suite. Cela a donné lieu à des rdv réguliers, d’autres résidences, des collaborations qui perdurent.
- « Tom veut rentrer » se retrouve, cette année, en compétition nationale au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand. Il s’agit du plus grand festival de court métrage du monde et deuxième festival de cinéma de France en termes d’audience et de présence professionnelle, après Cannes. Que représente pour vous cette sélection ?
Arthur : Un grand bonheur forcément. Avec Marianne on vient depuis plusieurs années en tant que spectateur.ices. D’être à cette place de réalisteur.ice ayant un film en compétition nationale, de monter sur la scène de la salle Cocteau avec nos comédiens, c’est exceptionnel. En plus de cela, Clermont restera comme l’endroit où le film a été montré pour la première fois, y’a pire comme baptême.
- Quels films vous ont marqué et influencé votre travail ? Des références anciennes ou un film que vous auriez vu récemment…
Arthur : Ils sont nombreux, longs comme courts métrages. J’ai tendance à dire que j’ai fait ma naissance de cinéphile lorsque j’ai découvert « L’été de Kikujiro » de Takeshi Kitano. Je n’avais encore jamais vu de film comme ça, tout en lenteur, avec des plans composés et une intrigue minimaliste. J’étais jusque-là plutôt nourri au cinéma américain. L’autre découverte qui a changé pas mal de choses pour moi, c’est celle du court-métrage. La première fois que je suis allé au festival de La Roche sur Yon, j’y ai vu « Que vive l’empereur » d’Aude-Léa Rapin. Ça m’a ouvert sur un monde que je ne connaissais pas et fait prendre conscience que les courts sont des œuvres en soi.
Marianne : C’est par le documentaire et le court métrage que j’ai commencé à avoir envie d’écrire. Lorsque j’ai vu « Disneyland, mon vieux pays natal » d’Arnaud des Paillères j’ai été touchée par ce point qui relie documentaire, récit intime et conte, il y a ensuite les séances labo à Clermont avec des films hybrides, des comédien.nes non professionnel.les, des frontières floues entre doc et fiction. Puis en effet « L’été de Kikujiro » qui a marqué notre rencontre avec Arthur. « Tom veut rentrer » en a été teinté !