Ben est une série policière dont le personnage principal, Ben donc, est interprété par Barbara Schultz qui joue une journaliste de retour dans sa ville natale. Spécialiste des faits divers elle se retrouve souvent confrontée à Laurent Wagner, le flic qu’interprète Samir Guesmi. Bien sûr Ben a aussi un passé compliqué qui va édulcorer les épisodes.
Après douze semaines de tournage entre la mi-mai et la mi-août 2017 la dernière série tournée à Nantes et dans sa région est dans la boîte. Actuellement en post production elle sera diffusée sur France 2 au premier semestre 2018. À deux jours de la fin du tournage nous avons rencontré Olivier Guedj, le directeur de production dans le faux commissariat de la série, aménagé dans un centre médico-social désaffecté de Nantes.
La Plateforme : Pourquoi avoir choisi Nantes ?
Olivier Guedj : Nantes est une ville qui n’a pas été trop exploitée par la télévision et le cinéma en tant que décor. De plus Akim Isker, le réalisateur, et le producteur aimaient bien l’idée de la proximité du fleuve.
L’aide de la région a aussi déterminé ce choix ?
Oui. Financièrement d’abord et puis nous avons été très bien accueillis par la région et nous avons a eu d’excellents rapports avec le Bureau d’accueil des tournages que coordonne Pauline le Floch.
Vous avez recruté des techniciens sur la région ?
Bien sûr. Sur les 40/45 techniciens qui travaillaient sur le film, environ la moitié venaient de la région. Y compris des chefs de file comme le nazairien Stéphane Chemin (directeur de casting). Pour la comédie nous avons recruté plusieurs petits rôles à Nantes et le tournage a généré 500 cachets de figurants.
Nous sommes ici dans un lieu désaffecté, un ancien centre médico-social que vous avez réaménagé en décor du commissariat de la série. Cela n’aurait pas été plus simple de tourner les scènes du commissariat en studio à Paris ?
Ce n’est pas toujours facile de transformer des lieux comme on l’a fait ici mais quand cela ne demande pas un travail énorme, ce qui a été le cas, cela offre beaucoup d’avantages. le fait d’avoir un décor intérieur à portée de la main permet de se rétablir les jours où il fait mauvais en extérieur. Enfin cela offre l’avantage de conserver une continuité dans le travail notamment avec les équipes que l’on a recrutées localement.
Globalement le tournage s’est bien passé ?
Oui très bien, on a été très bien accueillis notamment par la rédaction locale de Ouest France où étaient tournées toutes les scènes liées au travail de Ben. Le réalisateur est très content du travail, cela va faire une belle série.
Olivier Guedj – directeur de production de la série Ben
Il a commencé dans le métier comme régisseur. Stagiaire au début, puis il a gravi les échelons comme cela se fait le plus souvent dans le métier : 2ème assistant puis 1er et enfin régisseur avant de changer pour la direction de production et ce depuis 20 ans.
Dans la fiction depuis toujours, un peu dans le long métrage mais à 95% dans la télé. Olivier n’a jamais eu trop de mal à trouver du travail.
Bien implanté dans le milieu il reconnaît que « C’est un métier de famille professionnelle, qui fonctionne beaucoup grâce à des réseaux. C’est vrai que le gros du travail se trouve encore aujourd’hui à Paris ».
Quelques temps plus tard, sur la terrasse ensoleillée de la Plateforme, Adrien Coché, assistant sur la série, évoque avec nous quelques impressions de tournage.
La Plateforme : Quelle fonction aviez-vous sur la série Ben ?
Adrien Coché : J’étais 3ème assistant réalisateur renfort.
Quelles sont les attributions du 3ème assistant sur une série ?
C’est une fonction de proximité avec les comédiens, imprimer les jours à jours (textes, dialogues des comédiens). Ça va d’éditer les plans de travail, les mettre dans les dossiers, commencer à les imprimer en préparation pour ce soit prêt le jour du tournage. Pendant le tournage le 3ème assistant va être très présent auprès des comédiens. Il les amène dans les loges, constamment en lien avec le premier assistant par talkywalky. Ensuite il les amène sur le plateau et s’assure qu’ils sont toujours prêts pour le départ de l’action.
Ce sont toujours les mêmes attributions sur tous les tournages ?
Pour le moment je n’ai pas vu une manière de fonctionner qui se répète sur chaque tournage. C’est beaucoup fonction de la taille de l’équipe. Eventuellement, comme ça m’est arrivé sur Ben, on peut amener les figurants sur le plateau mais normalement c’est le chef de file qui doit le faire. Et puis il y a le blocage également. Pour canaliser les gens extérieurs à l’équipe quand on est en extérieur et faire respecter le silence.
Des journées difficiles ?
Rien n’était facile. On tournait 6 heures de fiction en 60 jours. Ce qui fait entre 5 et 6 minutes utiles par jour (le nombre de minutes utiles au montage). On était tout le temps à fond, en tension. Cela demande beaucoup d’énergie. Akim est un réalisateur exigeant et il fallait faire entrer cette exigence dans une journée de travail. Comme toujours il y a eu quelques dépassements soit parce qu’artistiquement ça n’allait pas, soit parce qu’il pleuvait, soit certaines choses avaient été oubliées. Mais c’est toujours comme ça, on a beau tout border en amont il y a toujours des imprévus, c’est la loi du genre. Et puis la même équipe travaillait sur les 6 épisodes, avec une préparation qui était presque aussi longue que le tournage et des changements d’épisode dans une même journée : changement de décor, de costume, de coiffure, là on est dans l’épisode 3, puis dans l’épisode 6… Pour tous les postes ça demande une concentration de tous les instants pour ne pas perdre le fil. C’était intense.
Les relations avec le réalisateur ?
Je ne le connaissais pas. Il n’y a pas eu de tension sur le tournage bien que tout allait très vite. Akim a été assistant réalisateur et ça se sent. Normalement c’est le premier assistant qui donne le tempo. Là on sentait que c’était le réalisateur qui impulsait le rythme de travail.
Adrien Coché, assistant réalisateur
Études d’anglais et atelier théâtre de la Sorbonne. Il suit ensuite les cours d’une école de théâtre tout en tentant le concours de la FÉMIS. Deux échecs successifs au concours l’emmènent à suivre la filière comédien, d’abord au sein d’une compagnie puis dans des courts métrages. « Ce que je voulais c’est être sur le plateau pour rencontrer les techniciens. J’avais plus d’affinités avec le plateau de tournage qu’avec les planches au théâtre. »
Un chef opérateur le coopte sur des tournages de courts métrages, puis sur des pubs et des institutionnels comme assistant réalisateur. « Les pubs étaient payées et cela me permettait de travailler sur des choses plus lourdes, avec plus de responsabilités, mon objectif étant de faire de la fiction et des projets plus longs. »
Mais les difficultés de la vie parisienne emmènent la petite famille Coché vers des horizons plus sereins et c’est à Nantes qu’il s’établit.
À Nantes il s’intègre vite dans la vie associative qui lui permet de rencontrer pas mal de monde et de se créer des opportunités de travail dans la région sur des films de fiction. « Je travaille aussi sur des cours métrages sur lesquels on arrive à dégager un salaire. Donc cela fait maintenant un an et demi que je vis de mon métier ».
Patrick Colin
Crédits photos de couverture : Ouest France