Crédit photo: Côté Laval
Antoine Licoine est depuis quelques mois le nouveau programmateur du festival Reflets du cinéma organisé par l’association mayennaise Atmosphères 53. Avec le concours de l’équipe, il a « scénarisé » la 20ème édition consacrée au cinéma indépendant américain ; à découvrir du 11 au 22 mars sur l’ensemble du département.
A 31 ans, Antoine Licoine a déjà une expérience de près de 8 ans dans l’exploitation cinématographique. Après un DEUG en sociologie, il s’oriente vers le cinéma et obtient un CAP projectionniste. Il s’exerce au Moulin du Roc à Niort et à L’Entrepôt dans le 14ème arrondissement de Paris. Plus tard, il retourne en Poitou-Charentes, sa région d’origine, où il reprend avec un ami la gestion de deux salles de cinéma à Barbezieux et Jonzac. Il est polyvalent et se charge de la programmation, des projections, de l’animation ou encore de la caisse. Un investissement bien récompensé par une fréquentation du public qui est quasiment doublée. En même tant qu’il se concentre sur la programmation, son champ d’action s’élargit : pendant quatre ans il programmera en tout cinq salles de cinéma en collaboration avec Jean-Pierre Villa de VEO Ciné, une entente de programmation dédiée à l’exploitation art et essai de proximité.
Après une pause d’un an et demi, Antoine Licoine sait qu’il reviendra au cinéma mais essentiellement du côté de l’animation et de la promotion de films art et essai. Au même moment, l’équipe mayennaise de l’association Atmosphères 53 renouvelle une partie de son équipe. Il saisit l’opportunité et devient programmateur du festival Reflets du cinéma. Quatre mois à peine avant le début de la 20ème édition, il pose ses valises à Mayenne, une ville qui lui est encore inconnue. « Il a fallu composer avec les 15O films déjà présélectionnés par les membres de l’équipe et scénariser la programmation, en fonction des sections et des publics », explique-t-il.
Dix salles à l’heure du cinéma américain indépendant
Les Reflets du cinéma sont organisés par Atmosphères 53. Référence incontournable en Mayenne, l’association tisse la toile du cinéma entre les différentes communes d’un département rural dont les 300 000 habitants en font le département le moins peuplé des Pays de la Loire. Elle mène, tout au long de l’année, un important travail de programmation art et essai, d’animation et d’éducation à l’image.
Aussi, une des particularités des Reflets du cinéma est de rayonner sur l’ensemble d’un département : le festival se déroule dans les dix salles de cinéma de Mayenne et d’autres rendez-vous sont proposés en partenariat avec les structures culturelles locales : réseaux de bibliothèques, conservatoire de Laval, Orchestre symphonique de Haute Mayenne par exemple.
Pour la 20ème édition qui met à l’honneur le cinéma américain indépendant, Antoine Licoine vise une programmation éclectique de qualité évitant toute forme d’élitisme : « nous fonctionnons avec des fonds publics, c’est notre responsabilité de placer les spectateurs au centre de la programmation et de les accompagner dans la découverte» estime-t-il. L’événement reçoit le soutien des différentes collectivités du territoire : le Département de la Mayenne, la DRAC, le Conseil Régional des Pays de la Loire, les communautés de commune de Mayenne, du Pays de Château-Gontier et la Ville de Laval.
Si le cinéma américain indépendant dépeint en majorité un pays en crise, à l’instar du portrait sans fard d’une population pauvre et marginalisée proposée dans le documentaire The Other side de Roberto Minervini, l’équipe a tenté d’équilibrer la programmation de façon à laisser une place à d’autres genres comme le thriller et l’épouvante avec l’avant-première de Green room de Jérémy Saulnier. Le Festival propose plus de 150 séances et conférences sur une dizaine de jours réparties entre le cycle «Les Premières Nations» qui questionne la représentation des Indiens dans le cinéma, les premiers films d’une nouvelle génération de réalisateurs (Jeff Nichols, Benh Zeitlin, Destin Cretton, …), des avant-premières et des ciné-concerts.
Si les Reflets ne comptent aucun invité américain pour des questions budgétaires, il propose toutefois un accompagnement des projections par des spécialistes de la région : critiques, spécialiste de la BD, chorégraphe, ethno-cinéaste, journaliste…«
Un équipement au service de tous
Les Reflets du cinéma accueilleront le 17 mars à Laval, une table ronde sur la salle de cinéma de demain organisée par la Plateforme (Pôle cinéma et audiovisuel en Pays de la Loire). Un sujet qu’Antoine Licoine connaît bien. Son avis : « la salle, surtout en milieu rural, est un équipement qui doit être au service des citoyens. Elle doit faire le lien entre les acteurs culturels, économiques et sociaux du territoire. Le cinéma a changé dans les années 1980 et l’avènement de la VOD et du téléchargement impose à la salle de se démarquer, de proposer autre chose que ce que l’on peut trouver sur le web. » Etre un lieu de rassemblement est, selon lui, la clef du succès. Il l’a expérimenté à Barbezieux et Jonzac, des salles classées aujourd’hui au top dix des cinémas ruraux.
Horizons 2017
Pour la 21ème édition des Reflets, il se réjouit de pouvoir penser la programmation bien plus en amont. Il prévoit déjà de parcourir les festivals de cinéma afin de rapporter des inédits et pouvoir inviter davantage d’équipes de films. Dans sa réflexion, il n’oublie pas les films de la région auxquels il pense accorder, autant que possible, une place en fonction de la thématique : « j’y tiens, je suis par exemple en contact avec le distributeur de Tempête de Samuel Collardey, un film que je soutiens depuis le début ».
Lucie Hautière.
Infos pratiques :
– 20ème édition des Reflets du cinéma américain indépendant, du 11 au 22 mars 2016 en Mayenne
– Téléchargez le programme de la 20ème édition du festival Reflets du cinéma : http://atmospheres53.org/docs/prog_refletsducinemaus.pdf
– Le site de l’association : http://atmospheres53.org/