Attachés à la promotion et à l’accompagnement des œuvres, des artistes et des acteurs proposant des expériences esthétiques et des points de vue affirmés, souvent situés à la marge des courants dominants, Willy Durand et Armelle Pain développent avec WARM un projet hybride mêlant édition, label musical et services, ouvert sur tous les champs artistiques et favorisant la transversalité, la rencontre et la découverte de lieux et de regards.
1 – Warm, qu’est-ce que c’est ?
La Plateforme : D’où venez-vous tous les deux ? Quel est votre parcours ?
Armelle Pain : J’ai pour ma part grandi en Vendée et suis partie après le bac à Marseille pour y faire mes études. Parallèlement à mon cursus universitaire (formation pluridisciplinaire en environnement, mêlant sciences de l’homme, sciences de la nature et développement local), j’ai travaillé pendant trois ans dans un cinéma d’art et essai, Le César, et fait un stage long à l’Alhambra qui développait et développe encore un important travail d’éducation à l’image dans les quartiers nord de Marseille. J’allais beaucoup au cinéma, mais aussi dans les salles de concert, de théâtre et d’exposition. J’ai à cette époque multiplié les rencontres et les expériences dans des domaines très divers (stage ingénieur à l’institut de médecine tropicale, membre de l’orchestre de rue Allegro Barbaro, pigiste à English Nature près de Leeds, petits boulots en Corse ou en Allemagne). En sortant de mon DESS, j’ai été repérée et embauchée par un bureau d’étude à Aix-en-Provence. J’ai vite senti que cela ne me convenait pas et que j’avais besoin de vivre d’autres choses. Je suis alors partie à Poitiers puis à Laval pour coordonner des livres pour une maison d’édition parisienne. À chaque fois que je posais mes valises quelque part, je cherchais la salle ou le festival de cinéma où je pouvais être spectatrice ou bénévole, je jetais une oreille curieuse aux colloques les plus cryptiques sur l’avenir de la salle de cinéma… Il y avait là quelque chose qui m’intéressait plus que le reste, j’ai donc décidé de creuser la question. Les rencontres et les opportunités se sont ensuite enchainées et j’ai travaillé dans différentes structures culturelles sur des postes de programmation, médiation, coordination (festival Espoirs en 35mm à Mulhouse, centre culturel français de Ouagadougou, festival de La Roche-sur-Yon, Premiers Plans à Angers, Le Cinématographe à Nantes, Atmosphères 53). Dans le prolongement de ma formation initiale, j’ai aussi eu le concours d’attaché territorial et travaillé pour des collectivités locales (Région des Pays de la Loire et Département de Loire-Atlantique) à la mise en œuvre des politiques publiques en faveur du cinéma.
Willy Durand : Pour ce qui me concerne, tout en menant des études de philosophie à Nantes, j’ai principalement, à partir du milieu des années 80, développé une activité de photographe-plasticien, qui, par ailleurs, n’a jamais cessé. Je me suis ensuite engagé comme bénévole puis responsable des programmations au sein de l’association Atmosphères 53 au moment de sa départementalisation, en 1996-97 avec, entre autres, la mission de développer le festival des Reflets du cinéma et le rayonnement de l’association. Cette belle aventure a duré 16 ans.
Armelle s’est elle aussi engagée dans l’association lorsqu’il s’est agi de développer davantage tout ce qui relevait de la médiation culturelle. De 2009 à 2015, nous avons travaillé ensemble et eu largement le temps d’éprouver des idées, des méthodes de travail et une belle complicité pour mettre en place et porter auprès du public des actions et des œuvres cinématographiques originales.
Quelle est l’histoire de Warm ?
L’histoire est courte et encore naissante. Lorsque nous avons été contraints de quitter l’association Atmosphères 53, il nous a semblé évident que nous étions en mesure de construire notre propre projet artistique et culturel. Nous avions également envie d’être indépendants et maîtres d’une ligne éditoriale qui nous ressemble. Il s’agissait aussi de se mettre, même avec des moyens modestes, au service des artistes, de les accompagner, de travailler sur l’émergence et d’être en capacité de monter des projets. Après quelques semaines de réflexions et d’échanges, l’idée de tenter l’aventure de l’entrepreneuriat culturel s’est imposée assez naturellement. Willy a suivi une formation à la création d’entreprise de trois mois pour mieux comprendre et maîtriser tous les outils de gestion. Au vu de nos profils et de nos centres d’intérêt il ne pouvait s’agir de construire un projet reposant sur un seul champ artistique mais d’élaborer une stratégie qui permette aux artistes et aux œuvres de se croiser et de dialoguer. Ainsi est née la maison WARM.
2 – Le projet, la ligne éditoriale, l’actualité
Ce qui est singulier dans votre démarche, c’est notamment le choix de ne pas vous spécialiser sur une seule discipline artistique. Pourquoi la transversalité ?
Au départ c’est un constat, un artiste quel que soit son champ d’activité est non seulement curieux mais nourri en continu par tous les champs de la création. Ensuite, cela correspond à une envie de créer des dynamiques originales pour des projets singuliers sans se soucier des cases. Cela n’est pas sans lien avec nos expériences précédentes qui ont souvent cherché à décloisonner et à créer des croisements ou des passerelles entre les champs artistiques (cinéma, danse, musique, arts visuels) mais aussi avec d’autres domaines ou questions de société (éducation, jeunesse, justice, santé, environnement). Nous avons formalisé cela en créant trois secteurs : l’édition musicale, l’édition littéraire et l’ingénierie culturelle cinématographique, intimement liés entre eux.
Ainsi nous nous sommes lancés dans l’édition de disques avec pour objectif de privilégier l’édition d’œuvres qui relèvent d’une « recherche » musicale sans se préoccuper du genre musical. Nous éditons des disques vinyles non seulement pour des questions de qualité sonore mais aussi parce que la pochette est un bel espace de création et nous permet aussi d’exposer de la photographie.
Du côté de l’édition littéraire, nous développons notamment une collection intitulée Photo-Graphie qui propose la rencontre entre deux auteurs, l’un écrivant à partir des photographies de l’autre. Pour vous donner un exemple de la manière dont nous travaillons, prenons L’Argentine malgré tout qui est sorti en avril 2017. Nicolas Azalbert, rédacteur aux Cahiers du cinéma et spécialiste du cinéma latino-américain, a écrit à partir des photographies d’Eduardo Carrera avec lequel nous avions travaillé pour faire la pochette du disque de Juan Pablo Espinoza et Hervé Moire, Cette île Mon corps, sorti en mai 2016. L’un des objectifs de cette collection étant de faire connaître le travail de photographes contemporains, nous avons accompagné la sortie de ce livre par une exposition photographique qui sera prochainement montrée à Nantes dans le cadre du festival des 3 continents.
Enfin, même s’il s’agit bien d’un secteur en tant que tel proposant des services aux acteurs culturels du cinéma, l’ingénierie culturelle est finalement partout dans nos projets car chaque nouvelle production relève d’une certaine manière du « prototype » qu’il faut construire, accompagner et promouvoir de manière originale pour lui donner des chances de rencontrer le public (animation de cafés littéraires, exposition photographique, promenade littéraire, lives).
Derrière la diversité des sujets que vous abordez, on peut identifier une sensibilité pour les expérimentations, les marges. Est-ce que c’est quelque chose que vous revendiquez jusque dans votre ligne éditoriale ?
Oui, cela part d’un constat souvent observé lorsque nous nous occupions de promouvoir et de diffuser le cinéma d’auteur : la difficulté rencontrée par les réalisateurs pour diffuser leur première œuvre ou certains de leurs films les plus audacieux, le peu de place réservée par les salles aux œuvres les plus innovantes, singulières ou ne disposant que de très peu de moyens de communication. Ces films sont le plus souvent programmés le temps d’une séance unique et n’ont aucune chance de trouver leur public alors que ce sont ces films qui en ont le plus besoin. Et les aventures les plus audacieuses sont bien souvent les plus excitantes.
Pour nous, et même si nos moyens sont modestes, c’est important de se consacrer à l’émergence, de soutenir des projets fragiles pour les faire exister concrètement. Ce sont aussi des cartes de visite pour les artistes pour développer leurs projets. Enfin, c’est aussi une question de goût. Nous sommes curieux et aimons être surpris et déstabilisés par les œuvres, nous sommes aussi des passeurs en ce sens que faire exister des œuvres sous forme de livres et de disques est aussi une occasion de transmettre nos enthousiasmes et de faire découvrir des pans de la création.
En matière de transversalité, Warm publiera prochainement « Le Paradis blanc » de Etant donnés. Pourquoi éditer une œuvre qui date de 1983 ? Et comment éditer et sortir une œuvre qui est à la fois musicale et cinématographique ?
Nous avions cette idée dès le début de sortir des œuvres originales, d’aujourd’hui mais aussi d’éditer ou de ré-éditer des œuvres plus anciennes avec cette idée évidente que ce que font les artistes aujourd’hui ne tombent pas du ciel mais est aussi nourri d’autres œuvres et souvent d’œuvres anciennes (ce qu’on appelle le patrimoine ou le répertoire). Il y a aussi cette idée que l’histoire de la musique est aussi marquée par des œuvres peu connues qui l’air de rien ont joué un rôle. C’est le cas d’Etant Donnés (Eric et Marc Hurtado) et ce n’est pas pour rien si le groupe au bout de quelques années de carrière très underground s’est retrouvé à travailler avec Alan Vega, Genesis P-Orridge et bien d’autres.
Les deux pièces musicales et le film expérimental qui constituent le projet « Le Paradis blanc » ont été réalisés à partir d’une performance que le groupe a donné à l’Espace Lyonnais d’Art Contemporain en 1983. La musique et le film sont intimement liés et sont en même temps des œuvres en tant que telles. Nous avons donc décidé de les sortir sous forme d’un vinyle accompagné d’un DVD.
À l’occasion de sa sortie, nous organisons avec Bulciné et Mire, une soirée Carte blanche à Marc Hurtado le samedi 21 octobre au Cinématographe à Nantes en sa présence. Le film Le Paradis blanc édité sur DVD est projeté en premier puis suivi de deux films choisis par Marc Hurtado, Saturn Drive et Infinite Dreamers, tous deux consacrés à Alan Vega avec lequel Marc Hurtado a travaillé. La projection sera suivie d’un échange avec Marc Hurtado qui outre son activité de musicien mène un travail de réalisateur expérimental honoré récemment à la Cinémathèque française et au BAFICI de Buenos Aires.
L’originalité de la proposition que vous portez vient aussi d’une certaine forme d’hybridité puisque Warm ne s’arrête pas aux frontières de l’édition mais explore aussi du côté de l’ingénierie culturelle. Comment est-ce que cette offre s’inscrit, fait sens dans le projet de Warm ? Y a-t-il un modèle économique pour Warm ?
Quand nous avons pensé le projet, il n’a jamais été question de laisser de côté le cinéma. C’est un domaine qui est très important pour nous. Nous avons donc imaginé un modèle effectivement hybride, avec l’idée de continuer à mettre nos compétences « cinéma » au service des structures de ce secteur sous forme de prestations (coordination de projets, programmation, analyse de films, assistance et études…) tout en développant une activité d’édition et de label. Pour nous, cela relève de la même volonté d’accompagnement des acteurs, des artistes et des œuvres avec l’idée aussi qu’en diversifiant la nature de nos recettes, nous construisons un modèle plus pérenne.
Au bout de 20 mois d’activité, nous sommes convaincus de l’intérêt de cette hybridité qui nous amène à travailler aussi pour d’autres structures et qui produit des choses que nous n’avions pas forcément imaginées au départ. Nous nous retrouvons à élargir peu à peu notre offre de services au-delà du secteur cinéma tandis que le cinéma commence à se faire une place dans notre activité éditoriale. Il est trop tôt pour dire si le modèle économique de WARM est viable à long terme. Nous sommes en phase de développement avec pas mal de belles perspectives et travaillons d’arrache-pied pour donner toutes ses chances à cette aventure.
3-Le cinéma et le territoire
Vous aimez la création artistique, mais peut-être plus encore le cinéma. Le cinéma que vous défendez avec Warm est-il aussi celui que vous aimez découvrir lorsque vous reprenez votre place de spectateur ?
WD : Pour ce qui me concerne je suis plus passionné par la musique que par le cinéma mais ce dernier tient effectivement une place très importante. Et, oui, le cinéma qui m’intéresse, est celui qui, quand je sors de la salle, me laisse sans voix, comme le dernier film de Andrei Zvyagintsev, Faute d’amour, ou encore et beaucoup moins repéré le film de Tamer El Saïd, Les Derniers jours d’une ville, qui m’a vraiment surpris et enthousiasmé, ou celui qui m’amène à m’interroger encore comme le film Sans adieu de Christophe Agou dont la proposition formelle me pousse à réinterroger le cinéma de Wang Bing par exemple.
J’ai aussi eu l’occasion de revoir le tout premier film de Frederick Wiseman, Titicut Follies, qui sort cet automne en France et je vais l’accompagner en salle pour évoquer le contexte de ce film qui a été interdit pendant plus de 20 ans aux USA, et proposer au public mon analyse d’une des premières expériences de « cinéma direct ».
AP : Oui bien sûr, je dirais que c’est un « cinéma de création », avec un regard singulier (sur le monde, la condition humaine, les rapports sociaux…) et une manière de les rendre sensibles avec les moyens du cinéma (qui ne se limitent pas au scénario). Et la place de spectatrice dont vous parlez, je la trouve plutôt dans des salles comme Le Cinématographe ou Le Concorde à Nantes, Le Trianon au Bourgneuf-la-Forêt, Les 400 coups à Angers ou des festivals comme les 3 continents, Premiers Plans, La Rochelle ou Gindou.
Un film que vous aimez ?
WD : Il y en a trop. J’ai pu revoir récemment le film Nostalghia de Andrei Tarkovski au Festival de La Rochelle, c’était bouleversant et j’ai envie de revoir tous ses films. Et un des films qui m’a le plus marqué, c’est Mère et fils de Alexandre Sokourov.
AP : Impossible de tous les citer mais pour les avoir revus récemment avec un plaisir et une attention toujours intenses, je dirais Voyage au bout de l’enfer et La Porte du Paradis (version longue) de Michael Cimino. Et parmi les films à venir, je dirais Makala d’Emmanuel Gras.
Nous vous savons tous les deux attachés à ce qui vous entoure. Votre ligne éditoriale fait-elle une place particulière aux artistes, aux acteurs culturels et plus largement aux initiatives du territoire ?
Nous sommes effectivement attentifs à ce qui se passe à Laval, en Mayenne et plus largement dans la région des Pays de la Loire en termes de création et de diffusion culturelle.
Nous travaillons volontiers avec des acteurs locaux et ces collaborations peuvent prendre des formes très variées. À Laval ce sont notamment la librairie M’Lire, Lecture en tête, la galerie L’Art au Centre, la Ville de Laval, Mayenne Culture ou le festival des 3 éléphants. Il y a aussi la NEF Animation à Fontevraud avec laquelle nous avons déjà collaboré sur quelques projets liés au cinéma d’animation, ce qui nous a amené à travailler avec Premiers Plans, le festival de la Roche, les Editions de l’oeil, les Films du Dissident, mais aussi Unifrance ou un centre culturel chinois… On peut aussi citer Trempolino à Nantes qui nous a offert une carte blanche avec Bruit Clair en février, ou encore Le Cinématographe à Nantes, les réseaux de salles SCALA, Graines d’images et Cinéphare.
En novembre, WARM aura les honneurs de deux festivals nantais dont nous apprécions le travail et l’exigence : le festival des 3 continents (exposition du travail photographique d’Eduardo Carrera) et le festival Midi/Minuit Poésie au Lieu Unique organisé par la Maison de la poésie (lecture, concert).
Nous participons dans la mesure de nos possibilités aux échanges et réflexions engagés au sein des filières par les pôles régionaux. Pour nous c’est important mais nous travaillons aussi avec des partenaires extérieurs à la région comme récemment pour la sortie du disque d’Etant Donnés avec l’espace multimédia gantner (territoire de Belfort) qui nous a apporté un soutien à la production.
Nous essayons aussi de privilégier les entreprises locales. Nous avons la chance en Mayenne d’avoir une des plus grandes entreprises de pressage de disques au monde, MPO, mais aussi de nombreux imprimeurs comme Jouve avec lequel nous travaillons.
Dans le domaine du cinéma, vous avez publié en 2016 « Le Trianon, un cinéma associatif en Mayenne ». Quel était l’objectif de cette publication ? Y a-t-il dans cette veine d’autres livres à paraître ?
En bref, il s’agissait de mettre en lumière l’histoire singulière de cette salle de cinéma, d’en rencontrer quelques-uns des animateurs et de comprendre ses multiples fonctions, notamment culturelles, sociales et économiques. A partir de cet exemple singulier, il s’agissait également de mettre en lumière de manière plus macroscopique quelques-unes des spécificités de l’exploitation cinématographique en France. Il existe très peu de livres consacrés à l’exploitation cinématographique hormis quelques recueils universitaires. En tant qu’éditeurs, nous souhaitons à notre mesure apporter notre contribution à une meilleure connaissance de ce qui fait la force du paysage cinématographique français, à savoir la diversité, la complémentarité et la capacité d’adaptation de ses acteurs, effectives depuis les débuts du cinéma.
Nous préparons la sortie en mars 2018 d’un livre écrit par Michaël Bourgatte et consacré aux débuts du cinéma Utopia à Avignon (1976-1994), un lieu de cinéma atypique et pionnier à bien des égards. Il constitue l’amorce d’une collection dédiée au cinéma que nous souhaitons développer au long cours, à la rencontre de lieux, d’artistes et d’acteurs de la scène cinématographique.
Pour la revue 303 dont le numéro de mars était consacré au cinéma, Armelle, vous avez notamment signé un article sur les salles de cinéma de la région. Vous y évoquiez en toute fin la logique de concentration (des établissements, des publics, des films) qui est à l’œuvre et bouscule le secteur mais notiez également la « formidable capacité d’adaptation et d’invention de ses acteurs ». Auriez-vous un ou plusieurs exemples à citer ?
Nous avons déjà été très bavards. Pour n’en citer qu’un, je parlerais de l’exemple de coopération entre les cinémas associatifs Pax du Pouliguen et Atlantic de La Turballe. Il y a eu plusieurs étapes dans le rapprochement de ces deux mono-écrans qui a démarré il y a plus d’une dizaine d’année, dans le désordre : le partage de copies (à l’époque en 35mm) ce qui leur permettait d’avoir accès à des films qu’un seul écran ne leur permettait pas d’obtenir auprès des distributeurs, l’organisation d’un festival jeune public Rêves d’enfances en collaboration avec les services Enfance et Jeunesse de communes de la presqu’île guérandaise (14e édition du 25 octobre au 5 novembre), l’édition d’un programme commun…
Gérées par deux associations distinctes avec des histoires et des identités différentes, ces deux salles ont aussi opté pour une antenne de programmation commune et même un site internet commun (voscinemas.fr). Je crois savoir qu’ils envisagent de formaliser encore plus leur coopération dans les prochains mois. Ces salles sont animées par des équipes bénévoles et des professionnels salariés extrêmement dynamiques et engagés dans la vie de leur territoire. Ce travail en commun – qui n’a rien d’évident pour la plupart des salles de cinéma par ailleurs – permet aux habitants et vacanciers de bénéficier toute l’année d’une programmation assez extraordinaire à la fois éclectique et exigeante, présentant toute la diversité de la production cinématographique française, européenne et mondiale accompagnée de nombreuses animations. La fréquentation bat régulièrement des records et les distributeurs savent qu’ils peuvent compter sur ces salles pour défendre leurs films mêmes les plus fragiles.
À la lumière de cet exemple (et de bien d’autres notamment en Bretagne), on ne peut que constater que la présence de professionnels dans les équipes est un atout pour développer et renforcer le travail d’animation et d’action culturelle et adapter la salle aux évolutions de plus en plus rapides du secteur. Le CNC qui rappelle volontiers que « le cinéma, dans de nombreuses petites villes et de communes rurales, est aujourd’hui le seul, l’unique lieu culturel qui existe », est actuellement dans cet état d’esprit et les nouvelles conventions CNC-Etat-Région peuvent intégrer – si toutes les parties prenantes le souhaitent – le soutien à l’emploi de médiateurs dans les salles de cinéma art et essai. J’espère que notre région que je sais à l’écoute des acteurs locaux souhaitera dans les prochains mois intégrer cette dimension à sa politique en faveur du cinéma.
Pour en savoir plus, visitez le site de Warm
Credits photos :
A la une, photo de Florian Renault.
1 – Photographie : Eduardo Carrera – livre : l’Argentine malgré tout avec Nicolas Azalbert, Warm
2 – Pochette Cette île Mon corps, Juan Pablo Espinoza et Hervé Moire, Warm
3 – Pochette Le Paradis blanc, Etant Donnés, Warm
4 – Photographie : Karim Gabou – Etant Donnés
5 – DR, Infinite dreamers, Marc Hurtado
6 – Titicut Follies, Frederick Wiseman, 1967, Meteor films
7 – La Porte du Paradis, Michael Cimino, 1980, Carlotta films
8 – Nostalghia, Andrei Tarkovsky, 1983, Les Acacias
9 – Le Trianon, un cinéma associatif en Mayenne, Armelle Pain, 2016, Warm